Il y a deux ans, j’écrivais un nouveau chapitre de ma vie professionnelle. J’étais officiellement enregistrée en tant qu’auto-entreprise auprès de l’Urssaf. Depuis ce moment fort en émotion et en appréhension, deux années se sont écoulées. J’ai appris :
A être patiente
Attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, le règlement de certaines factures, attendre qu’un contrat se matérialise après des semaines ou des mois d’appels, de mails, de devis, de propositions de prestations et de rencontres, attendre un retour sur ses prestations et les projets rendus, voilà une partie du quotidien d’un freelance. Pour quelqu’un de très impatient comme moi, tout ceci est un bon exercice (ou pas). Comme dit un proverbe arabe, « la patience est la clé de toutes les portes ».
A devenir un couteau-suisse
Les tâches à effectuer sont multiples. En plus d’être journaliste d’entreprise, je suis devenue commerciale, comptable, secrétaire et évidemment chef d’entreprise. Il faut apprendre (en autodidacte!) à prospecter, à faire des devis, à répondre à des appels d’offre, à s’y retrouver dans tous les régimes d’impôts…
A gérer l’instabilité du statut
Un freelance peut se faire un bon salaire pendant quelques temps avec des missions stables et régulières, puis d’un jour à l’autre voir son chiffre d’affaires littéralement dégringoler à cause de la perte d’un client important (souvent pour des raisons financières). Il faut apprendre à vivre avec cette instabilité permanente en économisant pendant les mois fastes pour pouvoir continuer à payer son loyer pendant les périodes de vaches maigres… Un client de perdu, c’est dix de retrouver, c’est bien ce que l’on dit, non ?
A travailler en solo
Pas de collègues, pas de patron et si en plus vous n’avez pas d’animal de compagnie, il y a de quoi déprimer à travailler seul. Tous les indépendants souffrent de solitude à un moment ou un autre. Heureusement, une solution existe : les espaces de coworking. Ici, pas de tensions avec des vrais faux collègues car il n’y a aucun lien de subordination. Par contre, une entraide mutuelle se créer car on est tous dans le même bateau, quelque soit notre métier. Des projets communs, des amitiés et des clients potentiels : il n’y a que des avantages à se regrouper entre freelance à part évidemment le prix de ces bureaux qui ne sont pas accessibles à tout le monde. Mais on peut aussi travailler dans un café et participer à des évènements de networking pour se sentir moins isolé.
A accepter les remarques des personnes de mon entourage
« Je t’envie tellement si tu savais », « tu travailles d’où tu veux, quand tu veux, personne pour t’embêter, le rêve quoi », » tu peux bosser en pyjama, aller te balader, tu es libre » «mais j’imagine que tu ne vis pas de ton travail ? » Voilà ce que j’entends TRÈS souvent mais j’ai appris à en rire. C’est vrai que ma manière de travailler est très différente : je réalise parfois mes interviews téléphoniques … en pyjama. C’est également vrai que je peux travailler de n’importe où et que j’adore cette liberté. Mais si je n’ai pas de patron, j’ai des clients — avec toutes les responsabilités que cela comporte. Pas question de me la couler douce : la plupart du temps, je travaille beaucoup plus que lorsque j’étais salariée. Je gagne ma vie et m’assume financièrement. Et à tous ceux qui pensent que c’est cool et facile, je leur suggère de suivre la même voie…
A gérer mon emploi du temps
Personne ne me dicte mon emploi du temps. Pas besoin d’arriver au bureau à 9 heures et de terminer ma journée à 18h. J’ai appris à respecter ce que me dictaient mon corps et mon esprit comme tout bon freelance qui se respecte. N’étant pas du matin, je ne me lève pas très tôt et prends mon temps. Je sais que ma productivité et ma créativité se manifestent plutôt l’après-midi et le soir. Les tâches les plus simples, je les réalise donc le matin et je prévois l’écriture des articles les plus compliqués l’après midi ou en soirée. S’il y a un grand soleil dehors et que j’ai envie d’en profiter, je sors me balader une heure et je travaille tard le soir ou le weekend pour compenser. Cette flexibilité est possible si l’on arrive à respecter toutes les deadlines fixées par les clients. Etre freelance, c’est souvent ne pas avoir de vraies vacances. Les congés payés ne sont pas pour nous, alors mieux vaut prendre son ordinateur dans l’avion et puis travailler sur la plage, c’est pas si mal !
A comprendre que j’étais à ma place
L’indépendance que me permet ce statut m’est très précieuse et correspond parfaitement à mon caractère et mes valeurs. Certains ont besoin d’un cadre quand d’autres ont besoin d’espace. Pouvoir réaliser le métier que l’on veut (qui pour la plupart des freelances est aussi une passion) tout en gérant tout de A à Z a un côté excitant qui ne laisse aucune place à la routine. Je suis fière d’avoir pris ce risque il y a deux ans. Et même s’il y a des périodes où j’ai parfois envie de baisser les bras, je ne me suis jamais aussi sentie épanouie professionnellement que dans cette position de guerrière (il en faut du sang froid et de la combativité !) Il faudrait me payer très cher pour redevenir salariée.
PS : si des freelances passent pas ici et ont eu le courage d’arriver jusqu’à la fin de l’article, dites moi en commentaire si vous vous retrouvez dans ces points, merci !
Bonjour, je me suis lancée après près de 15 ans de salariat, en cheffe d’entreprise. Et ton ressenti est tellement vrai
Merci d’écrire ce que l’on ressent toutes et tous.
D.
Merci pour ton commentaire, je suis contente de voir que mon ressenti entre en résonance avec celui d’autres indépendants.
Bonjour,
Moi je suis en train de me poser la question de le faire ou pas. Vais-je franchir le pas ?
Je suis en télétravail deux jour par semaine et cela me plait déjà beaucoup.
J’y arrive..petit à petit…
Je sens que ça me tend les bras.
En tout cas, ton article me donne envie de sauter le pas. 🙂
Merci pour ton commentaire. Bonne chance alors si tu sautes le pas 🙂
Bonjour, je me retrouve parfaitement dans ton article. Je me suis lancée il y a 1 an et j’avoue que moi aussi il faudrait me payer très chère pour que je redevienne salariée. Au début, je culpabilisais de cette liberté, de ce « luxe » de pouvoir profiter du soleil en journée. J’ai un chat qui est une présence très importante, déjà avant, mais encore plus depuis que je travaille en solo. Si je dois résumer cette première année, je dirais que c’est l’année du développement professionnel et de l’épanouissement personnel. Bonne continuation pour ton blog.
Oui, je suis aussi passée par cette phase culpabilité du fait de sortir en journée. Je travaille dans un bureau de coworking mais si je travaillais de chez moi, j’aurais sûrement pris un chat aussi 🙂 En tout cas, merci pour tes encouragements.